Preface

Les Quatre Alice
Posted originally on the SquidgeWorld Archive at http://squidgeworld.org/works/60042.

Rating:
Mature
Archive Warning:
Major Character Death
Category:
Gen
Fandoms:
Original Work, Autistic Magical Girls [MiaQc Stories], MiaQc Stories - All Fandom Types
Relationships:
Original Female Character(s) & Original Female Character(s), Alice Blondinka & Alice Brown & Alice Lorange & Alice Kurosawa [MiaQc OC]
Characters:
Original Female Character(s), Original Female Character(s) of Color, Original Non-Human Character(s), Alice Lorange | Magical Aella [MiaQc OC], Alice Blondinka | Alice D | Magical Dayla [MiaQc OC], Alice Brown | Magical Petra [MiaQc OC], Alice Kurosawa | Magical Calida [MiaQc OC], Trace (Generic) [MiaQc OC], Ethel [MiaQc OC]
Additional Tags:
Autism Spectrum, Autism, Female Protagonist, POV First Person, French Character(s), Japanese Character(s), Black Character(s), Past Rape/Non-con, Psychological Horror, Original Universe, Fantasy, Friendship, Haunted Houses, Québec, Rape/Non-Con Elements, Same First Name, Sharing First Names, Word count: 5.000 - 10.000, Screenplay/Script Format, Alice in Wonderland References, Original Female Character(s) – Freeform, Mythical Beings & Creatures, American Character(s), Russian Character(s), Cross-Posted from AO3, POV Alternating, POV Autistic Character, Autistic Character(s), Word count: Over 1.000, Ghosts, Supernatural - Ghosts, POV Alice Lorange | Magical Aella [MiaQc OC], Translation Available, Autistic Author, Betaed - No
Language:
French (Français)
Stats:
Published: 2017-08-08 Words: 8,687 Chapters: 1/1

Les Quatre Alice

Summary

La version originale de l’histoire d'Alice Lorange et de ses amies. Elle a été réécrite plusieurs fois par la suite pour finir avec "4 Alice: Magical Girls Autistes".
Cette histoire mentionne un viol, mais aucune scène sexuelle n’est présente.
Une adolescente marche dans une forêt sombre et elle rencontre une fille rousse près d’un feu de camp.

Les Quatre Alice

(Narratrice: Jeune fille)

Je ne me souviens plus depuis combien de temps je marche dans cette forêt sombre. Je ne sais même pas pourquoi je marche dans cette forêt sombre.

Est-ce pour fuir quelque chose ou quelqu’un? Est-ce pour prouver que je suis courageuse? Est-ce un simple pari fait à l’école? Ai-je uniquement envie de camper? Je ne le sais pas.

Quoi qu’il en soit, je dois continuer d’avancer.

Soudain, j’aperçois la lueur d’un feu de camp au loin. Tout en me disant que me réchauffer me ferait du bien, je m’en approche. Il y a une jeune fille rousse assise près du feu. Il m’est difficile de voir ses yeux verts à la lueur des flammes, mais ils semblent regarder le sol.

Voulant briser le silence, je la salue. Elle ne me répond pas. Je me dis qu'elle est peut-être sourde, quand soudain elle me répond.

Alice Lorange : Je suis Alice Lorange. Vous savez… comme une orange.

Je reste silencieuse et ma réaction semble la surprendre.

Alice Lorange : Vous ne riez pas... Pourquoi?

Je reste muette. Cette étrange fille m'intrigue. Son visage semble figé sur une expression de neutralité totale.

Alice Lorange : Les Autres rient toujours.

Cette dernière phrase, elle l’a à peine murmurée, comme si elle avait peur de représailles.

Alice Lorange : Quoi qu’il en soit, je m’appelle Alice Lorange.

Elle me l’a déjà dit. Tout en se rendant compte de son erreur, Alice s’excuse aussitôt puis elle me dit qu’elle est âgée de 16 ans et qu’elle est Québécoise.

Alice Lorange : Dites... voulez-vous entendre mon histoire?

Cette fois, je dois lui répondre.

??? : Une histoire?

Alice Lorange : Oui. Je la raconte à tous ceux et celles que je rencontre dans cette forêt, mais personne ne me croit.

??? : C’est une histoire vraie, alors.

Alice semble hésiter puis elle affirme que «oui». Que dois-je faire?

??? : D’accord, Alice. Je vais écouter ton histoire.

Alice Lorange : Ah… Merci!!!


(Narratrice : Alice)

Mon histoire commence alors que je me réveille dans une chambre. Une chambre qui n’est pas la mienne. Les draps du lit me brûlent la peau.

***

??? : Quoi? «Brûler»?

Alice Lorange : C’est une façon de parler. Puis-je continuer?

??? : Bien sûr!


***
Donc, «Irriter» serait un bien meilleur mot, mais, pour moi c’est aussi douloureux que de me mettre la main au feu. Les murs sont d’une couleur horrible. Un orange vif. Je n’aime pas ça. Les meubles sont anciens et couverts de poussière. Je la déteste. Elle s'infiltre partout et, on a beau l’enlever, elle revient toujours. En plus, la toucher, NON ET NON!

***

??? : Pourquoi?

Alice Lorange : C’est DÉGUEULASSE! Enfin, où en étais-je? Ah oui.

***

Je ne reste pas dans le lit bien longtemps, avec ma peau qui brûle, mais j'ai rapidement mal à la tête. Pour une raison toute simple. Je ne suis pas dans ma chambre. Je suis dans la chambre d’un inconnu.

Je suis dans l’Inconnu. L’Inconnu, le grand et puissant Inconnu. Il sait me faire souffrir, l’Inconnu. Je crois, de toutes mes forces, que nous serons toujours en guerre. Je veux calmer ma douleur à la tête alors je fais la première chose qui me vient à l’esprit. Appeler papa et maman.

Je sais. Cela semble stupide, mais leur présence m’a toujours rassurée et elle chasse l’Inconnu. Je n'obtiens pas de réponse. Je retente donc ma chance. Toujours rien.

Ma douleur à la tête devient insupportable. Les larmes me montent aux yeux et je me mets à pleurer. Je n'y peux rien.

Voix : Hé!

Soudain, j'entends une voix féminine. Elle provient de l’extérieur de la chambre.

Voix Fille : Ça va? Je peux entrer?

Je ne sais pas quoi lui répondre. Je ne veux pas qu'elle me voie ainsi, en train de pleurer comme une gamine. Après tout, c’est une Autre.

***
??? : Une «Autre»? Je ne comprends pas.

Alice Lorange : ...

***
Voix Fille : Euh... J’entre, ok?

Avant que je ne puisse lui répliquer, la porte s’ouvre et une fille blonde entre dans la chambre. Elle a de tout petits yeux bleus. Je n'ai jamais vu des yeux aussi petits auparavant.

En la regardant, je bloque mes larmes. Il est hors de question qu’elle se moque de moi! La fille aux yeux bleus semble plus jeune que moi. Je me demande quel âge elle a? En essuyant mes yeux mouillés, je lui pose la question.

Alice Lorange : Puis-je vous demander votre âge?
Fille : Quelle étrange question! Et du vouvoiement, en plus.

Génial. J’ai parlé trop vite! Elle va se moquer de moi, je le sais! Étrangement, la fille ne se moque pas de moi. Je n’arrive pas à comprendre pourquoi.

Fille : Il est rare de trouver des ados polies à ce point. J’ai 14 ans. Tu t’appelles comment?

Je reste muette pendant un temps. Il semble toujours y avoir un décalage entre «vouloir parler» et «l’action de dire quelque chose». Je n'ai jamais compris pourquoi. Cela me prend toujours un certain temps avant de répondre à quelqu'un.

Alice Lorange : Alice.

Fille : Alice... qui?

Encore un temps d'attente.

Alice Lorange : Alice Lorange. Allez, vous pouvez rire maintenant.

Fille : Hein? Pourquoi je rirais?

Bizarre. Les Autres rient tout le temps, alors... pourquoi...?

Fille : Alice, c’est un joli prénom. Lorange, ça colle avec tes cheveux.

Cette fois-ci, je réponds tout de suite. Cela se produit rarement.

Alice Lorange : De la colle dans mes cheveux?

Fille : Non, non! C’est une expression.

Je me sens idiote. Les expressions, les mots à double-sens, les non-dits... Ce sont tous des mystères pour moi, comme un casse-tête insoluble. J'ai dû en apprendre plusieurs par coeur, mais il y en a encore beaucoup qui m'échappent. Même si j'en connais quelques-uns, cela ne veut pas dire que je les comprends. Malgré tout, j'en aime certaines, comme celle avec la fameuse «croûte».

Alice D : Je m’appelle aussi Alice. Alice D.

Alice Lorange : D? Pour Denton?

Alice D : Non, juste D. C’est incroyable! Quatre Alices!

Alice Lorange : Quatre Alices?

Il y aurait donc deux autres filles. Ma curiosité est maintenant piquée.

Alice D : Oui, Alice Brown et Alice Kurosawa. D’ailleurs, nous nous adressons avec nos noms de famille, à la japonaise, pour éviter les mélanges.

Lorange : C’est une idée géniale! Je suis donc Lorange.

D : Exact et je suis D. Si tu veux, je peux...

Soudain, une étrange créature apparait. Elle ressemble à un fantôme violet avec des yeux brillants.

D : OH NON! Encore l’une de ces choses!

Créature : M...manger... âme...

D : Lorange, il est impossible de la vaincre. Elle est invincible. Il faut fuir!

Lorange : D’accord, partons d’ici!

D et moi fuyons la chambre aux murs orange.

Nous sommes maintenant dans un corridor avec plusieurs portes. Étrangement, il y a un mot écrit sur les portes. «Alice» suivi d’un gros cercle coloré. La chambre orange a un «Alice» et un cercle orange.

D : Chaque cercle sur les portes de chambres correspond à la couleur de nos cheveux. J’ai le jaune, tu as l’orange, Brown a le brun, Kurosawa a le noir. Il y a aussi la salle de bain. Il n'y a rien d'écrit sur cette porte-là. Oh, et le grenier. Mais ne perdons pas de temps, allons nous cacher dans la chambre de Brown!

Elle va à la porte au cercle brun. Je la suis de près et nous entrons dans la chambre. Nous avons à peine le temps de refermer la porte qu’une forte voix se fait entendre.

Voix : SORTEZ DE MA CHAMBRE!!!

D : Brown, chut! Il ne faut pas qu’elle nous entende!

Brown : SORTEZ DE… Quoi?

D : L’une de ces... créatures fantômes. Elle est apparue dans la chambre orange et...

Brown : Ok, ok, pas un mot!

Nous restons silencieuses pendant un temps. J’en profite pour regarder cette autre Alice. Alice Brown est une une petite fille aux cheveux bruns et à la peau foncée. Elle doit avoir entre 8 et 10 ans.

Après un long temps d’attente, Brown se met à parler.

Brown : Elle doit être partie.

D : Je l’espère bien.

Brown : Maintenant, SORTEZ DE MA CHAMBRE!

D : Brown!!!

Lorange : Euh... pardonnez-moi, mais... pourquoi devrions-nous sortir...?

Brown : SORTEZ, SORTEZ, SORTEZ!!!

Lorange : Est-ce... votre Zone?

Brown : J’AI DIT... Zone? Quelle zone?

Lorange : Votre Zone. Votre Sanctuaire. Votre Abri. Votre Protection. Votre Point de Sauvega... EUH!

Brown : Ha ha ha! Point de sauvegarde! T’es une adepte de jeux vidéo?

***
??? : Tu en es une?

Lorange : Oui, c’est ma grande passion.
***

Lorange : Oui, ha ha! Moi aussi j’ai une Zone. C’est ma propre chambre. Quand j’étais petite, je voulais que personne n’y entre, même mes parents! Je comprends donc votre colère. D, nous devrions partir.

D : …

Brown : Attends!!! Tu... tu es...?

Lorange : Lorange, Alice Lorange.

Brown : Lorange. Tu peux rester... dans ma Zone.

En entendant Brown, D n’en revient pas.

D : J’y crois pas! Elle m’a toujours jeté dehors et toi... TOI!!!

Je reste silencieuse pendant quelques secondes - mon fameux délai - puis je demande à Brown si D peut rester, elle aussi.

Brown : Pour toi, Lorange... Elle peut rester.

D fait une drôle de tête. En regardant plus attentivement la chambre, je découvre qu’elle est aussi affreuse que «la mienne». Les murs sont d’un brun terne. Le lit n’est pas en très bon état. Il n'y a presque pas de meubles.

Lorange : Alors, Brown... comme le chocolat au lait?

Brown : Oui.

Lorange : Est-ce aussi pour ça que votre nom est en brun dans le texte?

D : Dans le texte?

Brown : De quoi tu...?

Lorange : RIEN, rien du tout! Je... Je viens du Québec (Canada)... et vous, Brown?

Brown : De quelque part aux États-Unis.

Lorange : D?

D : Quelque part en Russie.

Lorange : La Russie...

***
??? : Une minute! Une Russe et une Américaine. Elles ne devraient pas parler français...

Lorange : Tout à fait.

??? : Mais alors, comment tu communiquais avec elles?

Lorange : J’y viens.
***

Lorange : Une minute! Parlez-vous le français québé... le français?

Brown et D me dirent «non» en même temps.

Lorange : Mais je vous parle en français depuis le début! Comment vous me comprenez?

Brown : C’est... la maison.

Lorange : La maison?

Brown : Elle nous a amenées ici.

Je ne comprends pas ce que Brown veut dire par là. D m'explique la signification de ses paroles.

Cette maison est très étrange. D'un, les deux Alices se sont réveillées ici, sans savoir le pourquoi et le comment. De deux, même si elles ne parlent pas les mêmes langues - l'anglais américain et le russe - elles arrivent toujours à se comprendre, sans explication rationnelle. De trois, Kurosawa a déjà essayé de sortir de la maison, mais elle n’a jamais réussi.

Lorange : QUOI!? Nous sommes enfermées!

Ma tête me fait à nouveau mal et mon corps commence à trembler. Je dois rester calme.

Brown : Oui. Kurosawa... Elle a tout essayé.

D : Nous devrions aller la voir, Lorange. Elle pourra t’en dire plus.

Lorange : D’accord et, avec de la chance, nous ne tomberons pas sur l’une de ces créatures.

Brown : Bonne chance!

Lorange : Brown, vous ne voulez pas venir avec nous?

Brown : Non. J’aime mieux rester ici.

Lorange : …

Je sors de la chambre brune avec D et elle m’amène devant la chambre de Kurosawa. Elle cogne à la porte. Aucune réponse.

D : Elle doit être au premier étage.

Nous descendons l’escalier pour s’y rendre. Aucune créature ne montre le bout de son nez.

D m'explique que le premier étage a une salle de bain, une cuisine, un salon, le hall d’entrée et une porte menant à la cave. Je lui demande s'il y a des pièces, à la cave.

D : Ouais. Une autre chambre, une autre salle de bain et une porte mystérieuse. Je n’aime pas y aller. Ça me donne la chair de poule.

Lorange : Pourquoi? Je ne comprends pas.

D : Bien... L’autre chambre a des livres parlant de magie noire. La salle de bain a du sang un peu partout. La porte mystérieuse est verrouillée avec de grosses chaînes noires. Elle me fait penser à la porte aux chaînes dans ce jeu vidéo d’horreur donc je n’aime VRAIMENT pas y aller.

Lorange : Je vous comprends. Cela semble peu rassurant.

D : Enfin, Kurosawa ne doit pas être bien loin. MISS KUROSAWA?

Voix de Kurosawa : OUI?

D : C’EST D. POUVEZ-VOUS VENIR ICI UN INSTANT?

Voix de Kurosawa : BIEN ENTENDU.

Une très belle femme japonaise, ayant un air distingué, arrive. Elle doit être dans la trentaine, bien que son visage lui donne l’apparence d’être plus jeune.

Kurosawa : Qu’il y a-t-il, Miss D?

D : Je voulais vous présenter Alice Lorange. Elle vient d’arriver.

Lorange : E...Enchantée de v...v...vous r...rencontrer.

Je ne peux pas m’empêcher d’être TRÈS nerveuse. Une si belle femme... À côté d’elle, je suis RIEN.

***
??? : «Je suis RIEN.» Comment peux-tu penser une telle chose!? Tu es TRÈS jolie!

Lorange : ...Merci...
***

Kurosawa : C’est un honneur de vous rencontrer, Quatrième Alice.

Lorange : «Quatrième Alice»?

Kurosawa : Oui, vous êtes la Quatrième Alice qui se retrouve en ce lieu. Comme il n’y a que quatre chambres, je ne pense pas que d’autres Alices vont arriver.

Lorange : Si je suis la Quatrième, vous êtes...?

Kurosawa : La Première Alice. D est la Deuxième et Brown est la Troisième.

Étrangement, Kurosawa a toujours ses yeux noirs dirigés vers le sol pendant qu’elle me parle. Est-elle timide? Ou bien...

Lorange : Alors le «D», c’est pour «Deuxième»?

D : NON! Mon nom de famille, c’est D, tout court!

Lorange : Pardon.

Kurosawa : Je suis sûre que vous avez bien des questions sur cette étrange maison.

Effectivement, j'en avais plusieurs.

Lorange : Est-il vrai qu’il est impossible de sortir?

Kurosawa : Malheureusement, oui. Peu importe le moyen. Les fenêtres... La porte du hall d’entrée... À chaque fois que j’essaie de sortir, mon corps plonge dans des ténèbres et je me retrouve dans ma chambre, la chambre noire.

Lorange : C’est complètement insensé!

D : Pourtant, elle dit vrai. J’ai moi-même essayé et il m’est arrivé la même chose.

Pendant un instant, je reste songeuse. Je me rends aussi compte que le corps de Kurosawa est tout crispé.

Lorange : En ce moment, vous me parlez en japonais?

***
??? : C’était évident. Elle est japonaise, alors bien sûr elle doit parler en japonais.

Lorange : ...
***

Kurosawa : Oui. Je vous parle en japonais.

Lorange : Mais j’entends du français, et un français très fluide.

Kurosawa : C’est un autre phénomène inexpliqué de cette maison. Les langues parlées et écrites sont traduites automatiquement pour être comprises par tous. Pour ma part, j’entends du japonais très poli de votre part.

Lorange : Aussi, y a-t-il à manger?

Il vaut mieux être prudent. Qui sait combien de temps allons-nous devoir rester ici? En plus, je suis sûr d’avoir manqué mon Heure du Déjeuner! Mon Horaire... C’est une ca-tas-trophe!

Kurosawa : Oui, et le réfrigérateur ne semble jamais se vider.

D me dit également, sans toutefois pouvoir l'expliquer, que la maison semble être figée dans le temps. Elle est sûre d'être arrivée en ce lieu il y a plusieurs jours, mais elle n'est jamais fatiguée. Aussi, il n’y a aucune horloge. Il est donc impossible de savoir l’heure et les fenêtres donnant sur l’extérieur montrent toujours une journée ensoleillée.

Lorange : C’est vraiment bizarre. Donc, pour résumer, nous sommes prisonnières d’une maison où le temps semble figé... mais pourquoi?

Kurosawa : C’est un mystère que je tente de résoudre. J’ai déjà regardé au grenier, mais tout est en désordre. Un vrai DÉSHONNEUR! Il y a aussi les livres dans la chambre de la cave, mais je les ai à peine feuilletés.

Lorange : Hum. Il faudrait peut-être chercher plus en profondeur au grenier et prendre le temps de lire les livres à la cave?

Kurosawa : Je suis bien d’accord, mais je dois tout faire seule.

Surprise, je demande à Kurosawa pourquoi elle doit tout faire seule et D m’explique que Brown n’aime pas aller au grenier. Elle refuse aussi catégoriquement d’aller à la cave.

Lorange : D’accord mais vous, D?

D : Euh... J...Je... Je n’aime pas ça.

***
??? : Je ne la comprends pas.

Lorange : Je ne la comprenais pas non plus. Ne vous s’inquiétez pas, les explications arrivent.
***

Lorange : Je ne comprends pas, D...

D : Euh... l-l-le papier.

Lorange : Le papier?

Soudain, la voix de D explose de rage.

D : JE N’AIME PAS ÇA, OK!!! JE VOUDRAIS BIEN AIDER, MAIS J'PEUX PAS! ÇA FAIT TROP MAL!

Tout à coup, j'ai une grande révélation. Elle me fait un tel choc que mon corps s’écrase par terre.

Kurosawa : Miss Lorange!

Lorange : Vous... Vous êtes... Toutes comme moi?

Kurosawa : Pardonnez-moi, Miss Lorange. Je ne comprends pas.

Lorange : T...S...A...

Je me relève doucement.

Lorange : Je suis autiste.

***
Lorange : Vous vous en doutiez, n’est-ce pas? Que quelque chose «clochait» chez moi... Voilà la réponse.

??? : …
***

Lorange : Brown l’est aussi, avec sa Zone. Je croyais que D était une Autre mais elle vient de me confirmer qu’elle a un TSA en parlant du papier. Vous, Kuro... Je veux dire, Miss Kurosawa. Vous êtes...

Kurosawa reste silencieuse pendant un temps, puis elle commence à me dire que «non», qu'elle est «normale». Je l'interromps assez vite.

Lorange : Vous mentez!

L'expression du visage de Kurosawa passe de tendue à surprise. D, en colère, veut me gronder mais je parle bien avant qu'elle place un mot.

Lorange : Je ne sais pas pourquoi, mais je sais que vous mentez. S’il y a une chose que je déteste encore plus que l’Inconnu, ce sont les mensonges!!!!

Sans que je ne comprenne pourquoi, les yeux de Kurosawa se mouillent. Tout en disant qu’elle a honte, elle se met à pleurer.

Kurosawa : Ma famille. Elle... Elle ne veut pas d'un mons... d’une «Anomalie».

Lorange : Comme vous pouvez être cruels, chers Autres.

Kurosawa : «Autres»?

Lorange : C’est mon mot pour les gens «normaux». Cela semble injurieux et un peu raciste, mais, dans mon monde, il y a Moi et les Autres.

***
??? : Alors... je suis une Autre.

Lorange : Vous avez bien compris.
***

Lorange : Certains Autres sont gentils, mais la plupart sont méchants.

D : «La plupart»? T’as pas eu une vie facile, toi.

Je reste muette. Je ne veux pas argumenter avec D, mais elle a raison. Ma vie n'est pas facile.

Kurosawa : Je ne voulais pas être un mons... une «Anomalie». J’ai donc tenté de me normaliser.

«Normaliser». Je hais tellement ce mot et pour bien des raisons. Quand je pense qu'il y a des gens, des Autres, qui voudraient nous «soigner», nous transformer en des «personnes normales», par la force, pour je ne sais quelle raison! Attention, cela ne veut pas dire que je suis contre de l’aide médicale et psychologique, mais pourquoi nous changer?

Lorange : «Normaliser»! Je HAIS ce mot! Mais nous sommes quoi, des monstres d’un RPG?

C’est au tour de Kurosawa de ne rien dire.

Lorange : Je sais, je sais. La Société Humaine a des règles bien précises à respecter. Il y a des Comportements à suivre, surtout en public. Je le comprends. Je les applique du mieux que je peux. Pourquoi les Autres veulent-ils nous «normaliser» à tout prix?

***
??? : …

Lorange : Vous voulez dire quelque chose?

??? : Non... enfin, oui... je... Je ne sais plus.

Lorange : Dans ce cas...
***

Soudain, la voix de Brown se fait entendre.

Brown : Peut-être ont-ils peur de nous ou ne nous comprennent-ils pas?

Lorange : Brown!

En la voyant arriver, Kurosawa cesse brusquement de pleurer, comme si elle avait appuyé sur un bouton «Off».

Kurosawa : Miss Brown, vous m’avez entendue?

Brown : Oui, mais c’est pas grave. Nous sommes toutes pareilles.

Lorange : Nous ne sommes pas des Autres. Nous sommes des... Des, euh...

Brown : TSA!

Lorange : Non! Il nous faudrait une meilleure appellation, bien que nous soyons toutes autistes.

D : Oh! Pourquoi pas FAC?

Brown : FAC? Ça veut dire quoi?

D : FILLE AUTISTE COOL!

Lorange : Euuuuuuuuuuuuh.

D : QUOI, c’est pas cool?


Kurosawa se met à rire discrètement, puis elle nous propose son idée.

Kurosawa : Pourquoi pas «KDBL»?

Lorange : Par notre ordre d’arrivée? Ça me va!

D : QUOI? Mais FAC, c’est plus facile à dire!

D a raison, mais je lui explique qu'il y a aussi la Fac en France, ainsi que le Financement Agricole Canada (FAC).

Brown : K...D...B...L...

D, en entendant Brown, soupire de déception, puis elle me dit qu'elle est d'accord pour ce nom.

Lorange : Donc, nous ne sommes pas des Autres. Nous sommes des KDBL! Il faut en être fières! Maintenant, si nous commencions les recherches? Il faut bien découvrir pourquoi nous sommes toutes ici, et trouver un moyen de sortir de la maison.

Kurosawa : Je suis prête.

Lorange : En route pour le grenier!

Brown : Le g-g-grenier?

Lorange : Oui, au grenier, et vous venez avec nous!

Brown se met à hurler un gros «NOOOOOOOOOOON». En l’entendant, mon regard vert s’enflamme et la petite fille sursaute.

Lorange : Brown! Nous allons TOUTES au grenier! Le désordre, le papier et la poussière n’ont qu’à bien se tenir! C’EST. LA. GUERRE!!!

Mes paroles font trembler D et Brown. Elles me disent qu’elles vont aider, sans se plaindre.

En chemin pour le grenier, une créature nous bloque la route.

D : NON!!!

Kurosawa : Si seulement il y avait un moyen de la vaincre...

Lorange : Ces créatures sont-elles vraiment invincibles?

Kurosawa : Oui. J’ai déjà essayé d’en affronter une. Mes coups n’avaient aucun effet.

Brown : Hé! Regardez!

Une autre créature est apparue. Celle-ci se met à attaquer sa consœur. Nous en profitons pour aller au grenier.

Au grenier, tous les objets sont en désordre et l’épaisseur de la poussière me lève le coeur. D fait un commentaire sur la poussière, Kurosawa en émet un sur le désordre et Brown semble être en feu.

Brown : C’EST. LA. GUERRE! N’est-ce pas Lorange?

Avant que je ne puisse lui répondre, Brown se jette sur une boîte toute poussiéreuse et l'ouvre. Elle nous dit qu'il y a de vieilles photos à l’intérieur de la boîte.

Kurosawa : Des photos?

Brown : Oui. Venez voir.

Nous allons y jeter un coup d'oeil. Les photos représentent une famille. Un homme, une femme et deux enfants.

Lorange : S'agit-il des propriétaires de la maison?

Kurosawa : Je pense avoir vu les prénoms d’une famille dans les livres de la cave, mais je n’arrive pas à m’en rappeler.

Selon elle, les personnes sur la photo seraient bel et bien les propriétaires de la maison.

Pendant ce temps, D cherche de son côté et fait rapidement une découverte. Elle nous demande de la rejoindre et nous allons à ses côtés. L’Alice blonde tient un mini carnet tout poussiéreux. Sur sa couverture, il est écrit à la main : «Les Traces». D tente d'ouvrir le carnet.

D : Allez. Je peux y arriver. C’est... juste... du... papier... AH, J’PEUX PAS! LA PEAU VA ME BRÛÛÛÛÛLER!

Lorange : Combien, de 1 à 10?

D ne comprend pas ma question. Je lui donne des explications.

Lorange : La «brûlure» sur du papier. Entre 1 et 10, du plus faible ou plus fort, vous vous situeriez à combien? Je veux aussi les réponses de Brown et de Kurosawa.

D : 10, non, 9!

Kurosawa : 6.

Lorange : Un 7 pour moi.

Brown : 4!

Je n’en reviens pas et je demande rapidement à Brown si sa réponse est sérieuse.

Brown : Bien sûr. Le papier fait un peu mal, mais juste un peu.

***
??? : Je ne comprends pas cette «sensation» de brûlure.

Lorange : J’ai la peau sensible.
***

Lorange : Dans ce cas, pourquoi vous ne vouliez pas aller au grenier?

Brown : Je déteste la poussière, le désordre, puis il y a les boîtes. Le carton me fait plus mal que le papier.

Lorange : Je vois. Brown, puisque vous êtes la moins «sensible» du groupe, pourriez-vous ouvrir le carnet?

Brown : Oui, mais je ne sais pas si je vais être capable de le lire.

Elle prend le carnet des mains de D. Elle l’ouvre et tourne quelques pages.

Brown : Ça parle des créatures! Celles qu’on a vues! Ce sont des Traces... mais tout est compliqué. Il y a plein de mots.

D : «Plein de mots»? C’est pas normal, pour un carnet de notes?

Brown reste silencieuse. Elle semble avoir honte d’elle. Je lui demande si je pourrais regarder le carnet, même si je n'en ai pas envie. Je sens déjà mes mains picoter.

Brown : Si tu veux.

Je prends le carnet et je commence à le lire. À chaque page tournée, ma peau picote et elle tremble sous le choc, mais je tiens bon. Je n’ai qu’à rester concentrée sur le texte. Ce truc m'a toujours aidée, surtout à l'école où je dois écrire sur du papier à longueur de journée.

Lorange : Certaines parties du texte sont illisibles. Voyons voir.

Lorange : "Les Traces sont des créatures invoquées de [...] Elles se nourrissent d’âmes humaines. Pouvoirs [...] Énergie. [...] En groupe de quatre [...] prénom partagé [...] Toutes enfermées dans un Domaine. Conscience... humaine possible? Grosse erreur. Je demande pardon." Le reste parle de chaînes.

Kurosawa : De chaînes? Celles de la cave?

Lorange : "Chaînes... protéger..." Il y a un bout de texte effacé. "Les Traces peuvent détruire..." C’est tout. Il n'y a rien d'autre.

D : C’est affreux. Nous sommes enfermées dans une maison avec des créatures invincibles et dévoreuses d’âmes!

Lorange : Nous devons en savoir plus. Direction la cave pour trouver les livres!

Brown se met à hurler qu'elle ne veut pas aller à la cave. Mon regard s'enflamme à nouveau.

Lorange : BROWN! Nous allons TOUTES à la c...

Brown : Ça va, Lorange, j’ai compris!!!!!

Kurosawa a un petit rire discret et nous nous dirigeons vers la cave. Nous n’avons pas revu les deux Traces de tout à l’heure.

D : Elles se sont peut-être entretuées?

Lorange : Ha ha! Ce serait bien drôle!

La cave.
Une grande pièce aux murs décrépis, avec trois portes.
L’une propre, l’autre avec du sang, et la dernière avec les chaînes.

Lorange : Laissez-moi deviner. La chambre = la propre. La salle de bain = l’ensanglantée. Le mystère = les chaînes de la colline silencieuse de l’horreur!

D me dit que j’ai tout deviné et que cet endroit la fait toujours flipper. Brown devient rapidement nerveuse et Kurosawa doit la rassurer.

Kurosawa : Allons à la chambre!

Les autres Alices s’y rendent. De mon côté, je veux jeter un coup d’oeil à la salle de bain. Comme D me l'avait dit, elle a du sang un peu partout. La toilette est même remplie de rouge.

***
??? : Comme dans un film d’horreur!

Lorange : Ou un jeu vidéo!
***

Je compte rejoindre les autres KDBL quand une Trace apparait. Je veux fuir mais suis incapable de bouger. Une force invisible me paralyse. Ne pouvant rien faire d’autre, je me mets à hurler.

D, ayant entendu mon cri de détresse, vient voir ce qui se passe.

D : LORANGE!

Lorange : Je... Je ne peux pas bouger!

Trace : M... manger... âme... manger...

La Trace s’approche de moi.

Trace : MANGER!

Lorange : N-Non...

D : Je REFUSE de te laisser mourir! J’ai déjà assez souffert... Du sang entre mes jambes...

Avant que je puisse lui crier de partir, elle se jette sur la Trace pour l’affronter. Malheureusement, la créature la tue. Je vois le cadavre sanglant de D basculer, heurtant le sol. J’arrive soudainement à bouger. Sans perdre de temps, je fuis pour retrouver Brown et Kurosawa dans la chambre aux livres.

Brown : Lorange? Tout va bien?

Lorange : «D»... c’était donc pour Dead. Non, ce n’est pas le temps de blaguer! ALICE D EST MORTE!

Brown : NOOOOOOOOOOOOON!

Kurosawa : M-Morte?

Lorange : Dans la salle de bain... une Trace... D, elle...

Kurosawa, après nous avoir demandé de rester ici, sort de la chambre. Brown, en panique, me demande ce qu’il faut faire.

Lorange : Je ne sais pas quoi faire. Attendre Kurosawa, peut-être?

Brown se tait et je continue à lui parler.

Lorange : Je vois qu’il y a des livres ouverts... Avez-vous trouvé des informations sur les Traces? Genre «comment les vaincre?» Aussi, pourquoi nous sommes ici?

Brown : Oui et non. Je n’ai pas trouvé de moyen pour les détruire. Par contre...

Il semblerait que c’est le maître de la maison, un certain Alarie, qui a invoqué les Traces, après le décès de sa femme, Alya, et de ses enfants, Amandine et Anicet.

Je fus surprise par la rapidité de Brown et de Kurosawa. Je n'étais partie à la salle de bain que depuis quelques minutes. J'en fais part à Brown et elle trouve cela étrange. Selon elle, les deux Alices ont cherché pendant des heures. Je trouve cela très bizarre.

Lorange : Cet homme, ce Alarie... je parie qu’il a invoqué les Traces avec de la magie noire.

Brown : Tout à fait.

Lorange : Ce que c'est CLICHÉ!

Cela me fait penser au scénario de ce petit RPG que j’ai découvert il y a cinq jours. Il y avait des filles magiques, mon expression pour les «magical girls», comme héroïnes.

Lorange : Enfin, laissez-moi deviner la suite grâce aux fragments de texte du carnet.

Selon moi, Alarie a compris que les créatures étaient dangereuses parce qu’elles ont tenté de dévorer son âme ou celle d’un autre. Il a ensuite tenté de les détruire ou de les exorciser, mais il a échoué. Pour les empêcher de quitter sa maison et d’envahir le monde - son monde, pas le nôtre sur Terre - Alarie a exécuté un rituel pour les enfermer dans un Domaine. Ensuite, soit il s’est suicidé, soit les Traces l’ont mangé.

Ce Domaine, c’est la maison où nous sommes, isolée du monde extérieur, mais les Traces sont toujours vivantes et elles doivent se nourrir. Elles - sans que je ne sache comment - invoquent des groupes de personnes pour prendre leurs âmes. Les groupes sont tous au nombre de quatre et leurs prénoms sont toujours partagés.

Brown : Tu as tout deviné! Kurosawa a aussi lu que le Domaine s’adapte à ses occupants. Cela explique les chambres «Alice» et les traductions automatiques des langues. Lorange... J’ai peur. Kurosawa n’est pas encore revenue.

Je lui demande si elle veut que j’aille voir à la salle de bain.

Brown : Oui! Non!

Lorange : Oui ou non?

Brown : Je sais pas!!!

Je compte y aller quand même, que ma peur soit maudite!, quand Kurosawa revient à nous.

Brown : KUROSAWA! Tu vas bien!

Je suis aussi bien contente de la revoir, saine et sauve, mais mon corps reste tendu. Je sens que quelque chose cloche chez la femme japonaise. Ses yeux. Ils ont changé. Autrefois noirs, ils sont maintenant jaunes. J'ai assez joué aux jeux vidéo pour savoir que ce n'est pas un bon signe.

Lorange : Kuro-Kurosawa.

Kurosawa? : Oui?

Lorange : Oh, rien.

Je ne trouve pas le courage de lui demander ce qui est arrivé à ses yeux.

Brown : Est-ce que Alice Dead... non D, est vraiment morte?

Kurosawa? : La fille blonde? Oui, j’ai vu son cadavre se volatiliser avec la Trace qui a dévoré son âme.

Brown : Non... Il ne faut pas rester ici.

Lorange : Vous avez raison. Une autre Trace pourrait venir.

Aussitôt, Brown et moi sortons de la chambre pour remonter au premier étage. Kurosawa (?) reste là où elle est, sans bouger. Je l’appelle pour lui demander de venir et elle met un peu de temps avant de me rejoindre.

Notre groupe est au premier étage, avec un membre en moins. Bien que je sois très triste pour Alice Dead, non Alice D, je ne veux pas me laisser abattre. Pour détendre l’atmosphère, j'ai une bien étrange idée.

Lorange : Si on se cassait la croûte?

Brown : Une croûte? Où ça?

Elle ne connaît pas l’expression populaire? Pour moi, c’était une expression populaire.

Lorange : Je veux dire et si nous mangions quelque chose?

Brown : Je n’ai pas faim.

Moi non plus. Comment est-ce possible? Je devrais avoir faim depuis le temps! Je demande à Brown si elle est sûre de sa réponse. Elle ne me répond pas. Soudain, Kurosawa (?) nous demande si nous allons nous reposer.

Brown : Nous reposer? Dans le sens de dormir?

***
??? : Quelle étrange idée. Les Traces pourraient vous tuer pendant votre sommeil!

Lorange : J’avais les mêmes pensées à ce moment-là.
***

Kurosawa? : Parfois, dormir nous fait comprendre des choses.

Brown répond avec un «ok» et je trouve cela bizarre. Elle dit ensuite qu’elle va se coucher et elle nous quitte pour sa chambre. Kurosawa (?) me regarde d’une façon étrange. J’ai l’impression qu’une force invisible veut me pousser à aller dormir. Tout en disant, d’une manière hésitante, que je vais me coucher, je retourne à ma chambre.

Je vais dans le lit – la peau me brûle! – et je tente de m’endormir rapidement.

Quand j'ouvre les yeux, je vois que les meubles de la chambre ont disparu. Il y a un gros trou dans le mur. Tout en me demandant si je ne rêve pas, je m’approche du trou mystérieux. Je tente de voir au travers, mais je ne vois que du noir. Wow! Est-ce le terrier du lapin blanc? Si je le prends, vais-je me retrouver aux pays des merveilles?

Tout à coup, Brown entre dans ma chambre, mais elle a changé. Au lieu d’être dans sa tenue habituelle, elle porte un uniforme bleu et blanc - celui de son école ? - et elle a des oreilles blanches de lapin sur sa tête. Le lapin blanc... Je dois vraiment être en train de rêver. Je m’attends à ce que Brown se mette à crier qu’elle est en retard, comme dans l’histoire d’«Alice aux pays des merveilles», mais elle se contente d’aller dans le terrier.

Je suis Brown et je vais dans le trou. Je rampe dans les ténèbres et, après ce qui semble être une éternité, je vois une lumière au bout du terrier. Je me dirige vers la lumière, tout en me sentant étrange. Est-ce moi où j’ai beaucoup plus de tissu sur ma personne?

En sortant du trou, je découvre un monde totalement nouveau. Une prairie fleurie, un beau ciel bleu et un soleil radieux. Plutôt que d’être heureuse de revoir le soleil, mon estomac se serre et ma tête devient lourde. L’Inconnu. Le grand et puissant Inconnu. Il ne veut jamais lâcher prise! Je dois me changer les idées et vite!

Pour ce faire, je me regarde et je me rends compte que ma tenue a changé. Je suis maintenant en costumade de la Alice aux pays des merveilles. Wow! C’est trop amusant et cool! En plus, ma peau ne me brûle pas. Ça doit être en coton. Le coton est le seul tissu que je peux porter. Ma peau n’endure pas les fibres synthétiques, telles que le spandex ou la rayonne, et la laine me fait toujours transpirer.

***
??? : C’est impossible.

Lorange : Quoi?
??? : De ne pouvoir porter que du coton.

Lorange : Pourtant, je vous dis la vérité.
***

Je continue de regarder chaque détail de ma nouvelle tenue quand Brown arrive auprès de moi.

Lapin : Alice! Je suis content que tu sois là. Tu dois m’aider ou alors la Reine va me couper la tête!

Je suis toute surprise en l’entendant parler. Brown qui parle d’elle-même au masculin et qui s’adresse à moi en utilisant mon prénom? Étrange, et de quelle Reine parle-t-elle?

Lapin : C’est le Chat. Il est devenu encore plus fou que le Chapelier.

Alice : C’est une mauvaise chose?

Lapin : Le Chapelier, lui, au moins, ne fait du mal à personne. Le Chat... Il tue.

Alice : Il tue? Je ne comprends pas.

Lapin : Il a déjà mangé la Souris, le Canard et la pauvre Duchesse. Sa prochaine cible : la Reine!

Je lui demande si elle parle de la Reine de Coeur et elle me dit qu'elle ne connaît pas cette Reine-là.

Alice : Hein? N’êtes-vous pas la lapi... euh, le Lapin Blanc?

Lapin : Non, je suis juste le Lapin et le Chat est le Chat tout court.

C'est de plus en plus bizarre. Je lui demande alors si je suis aux pays des merveilles.

Lapin : Non, tu es sur les terres de la Reine, au pays des Anormaux.

Le pays des Anormaux? Kurosawa s’est déjà appelée une Anomalie. Ce serait elle, la Reine? Donc le Chat serait Dead... non, D. Une Alice D vivante et dangereuse.

Lapin : Quoi qu’il en soit, Alice, tu dois vraiment m’aider. La Reine va me couper la tête si le Chat n’est pas éliminé.

Alice : Éliminé! Vous voulez dire «tué»?

Lapin : Bien sûr. Il est une menace pour nous tous. Je compte sur toi pour t’en occuper.

Alice : Mais...!

Lapin : Tu n’as qu’à aller tout droit, tout droit, tout droit, tout droit, tout droit, tout droit, tout droit, tout droit, tout droit, tout droit et tu vas le trouver.

Je n’ai pas eu le temps de demander plus d’explications que Brown s’éloigne déjà de moi en courant, tout en criant qu’elle est en retard. Ce rêve, c’est vraiment n’importe quoi! Bon, je n’ai plus qu’à aller tout droit. J’avance donc pendant longtemps, ce qui semble être une éternité, puis je la vois. Alice D, bien vivante, mais monstrueuse.

Ses cheveux sont en désordre, elle a des trous noirs en guise d’yeux et du sang violet coule de sa bouche. Elle porte des oreilles de chat sur sa tête et elle a aussi une queue. Sa nouvelle tenue, qui semble être un simple t-shirt et des jeans, est en lambeaux. J'arrive même à voir ses sous-vêtements. Du sang violet semble couler de ses jambes. Soudain, je me souviens de ses dernières paroles, avant qu’elle affrontait la Trace dans la salle de bains.

D : Je REFUSE de te laisser mourir! J’ai déjà assez souffert... Du sang entre mes jambes...

Par les dieux, aurait-elle été violée ici et dans la réalité?

Alice : D! Que vous est-il arrivé?

Elle reste muette.

Alice : D!!! Alice D?

Tout à coup, elle me parle, mais sa voix est tellement étrange. Elle semble déformée.

Chat : JoLie cHair. JoLi visAgE. StUpidE, StUpidE, StUpidE FillE!

Alice : P-Pardon?

Chat : Tu N’eS pAs nOrMalE. Tu nE dEvRaIs paS vIvrE, mAis tu eXistEs. SaIs-tU pOuRquoI Tu As étÉ chOiSie pAr cEt HoMMe? PArcE quE tu nE DevRaiS paS vIvrE.

Alice : Je ne comprends RIEN!

Chat : SanG... SanG cOulAnT... sOuillÉ... DoiS iGnOreR... DoiS aCceptEr... DoiS sE cOmPorteR coMme sI rIen n’étAit aRrivÉ. ...AurAiT PaS Dû nAîtRe... DOIS MANGER! TOUT MANGER! Si toUt eSt mAngÉ, lEs AuTreS vOnt reStEr. LeS AuTreS voNt êTre hEuReUx.

Mes yeux s’écarquillent. Comment D pouvait-elle dire de telles choses?

Chat : DoIs mAngEr la ReinE! La ReinE veUt dEvEnir uNe AuTrE. Un RêvE ÉphÉmÈre. Le... mOnde... Ne vEut pAs... Des AnoRmAux...

Je lui crie qu'elle ment, puis je lui explique que je n'ai pas eu une vie facile.

Alice : J’étais toujours intimidée à l’école. Quant à mes parents, ils veulent m’aider, mais je sens que je suis un fardeau pour eux. Malgré tout, le monde a besoin de nous!

Chat : LeS AuTreS...

Alice : Les Autres peuvent être des cons... Et oui, je l’ai dit! MAIS ce sont des êtres humains. Comme vous et moi. Nous exterminer, nous, les autistes, ne les rendra pas plus heureux.

Chat : NOOoooooOON! Je... DoiS... MANGER...!

Alice : Nous sommes des KDBL! Il faut être fières de nous-mêmes!

Soudain, D pousse un hurlement déchirant et son corps disparaît en une poussière d’étoiles. Je n’ai pas le temps de saisir tout ce qui vient de se passer que le décor change autour de moi.

La prairie fait place à une chambre richement décorée et Brown, toujours en Mode Lapin, vient me parler.

Lapin : Alice, toutes mes félicitations! Le Chat est hors d’état de nuire! Sa Majesté la Reine va venir très bientôt pour te parler. Garde tes bonnes manières ou elle va te couper la tête!

Je la remercie, puis je lui demande ce qu'elle fait ici.

Lapin : Je suis venu pour te féliciter, rien de plus.

Alice : Cette chambre, c’est celle de la Reine, n’est-ce pas?

Lapin : Oui.

Je lui dis ensuite que j’aurais des questions à lui poser sur le Chat.

Lapin : Pourquoi faire? Ce sac à poils est mort.

Alice : Mais...

Lapin : Il ne vaut rien. Un Anormal qui veut détruire ses semblables ne mérite pas qu’on parle de lui!

Alice : Comment pouvez-vous dire cela? Vous ne savez même pas ce qui a pu la... LE pousser à dévorer la Souris, le Canard et la Duchesse!

Lapin : Peu importe ses raisons! Il est mort, point.

Je veux répliquer quand Brown se met à crier qu’elle est encore en retard. Elle sort de la chambre, me laissant seule et encore plus en colère. Ce rêve commence à me taper sur les nerfs! Va-t-il bientôt finir?

J'attends quelques minutes et la Reine fait son apparition.

Comme je l'avais deviné, il s’agit de Kurosawa, portant un kimono rouge et une couronne. Ses yeux sont noirs, comme avant.

Reine : Miss Alice, je dois vous remercier. Sans votre aide, le Chat aurait mis fin à mes jours.

Alice : Mais de rien, Votre Maj...

Reine : Maintenant, je vais pouvoir commencer la GON pour le pays des Anormaux.

Alice : Que voulez-vous dire par «GON»?

Reine : Il s'agit de «la Grande Opération Normalité».

Alice : QUOI?!?

Reine : Ce pays est voué à la ruine. Les Autres menacent de nous détruire. Le seul moyen de survivre, c’est de se Normaliser.

Alice : Non...

Reine : Le Chat était contre mes plans, je l’ai donc livré aux Autres pour qu’il soit «humilié».

Alice : Vous voulez dire violer.

Reine : Mais cet imbécile s’est enfui et s’est mis en tête de me dévorer, ainsi que mes sujets! Une grossière erreur... Grâce à vous, Miss Alice, son plan n’a pas porté ses fruits et la GON va se dérouler sans accroche.

Je lui réplique qu'elle a tort et que je vais l'arrêter.

Reine : Vous, Miss Alice? Vous n’avez aucune chance! Je vais vous couper la tête!

Alice : Et avec quelle arme, je vous prie?

Soudain, une Trace apparaît et elle se jette sur la Reine. La créature semble pénétrer sa chair. Elle se volatilise et les yeux de Kurosawa deviennent jaunes.

Voix : Alice... Lorange.

Je lui demande rapidement à qui j’ai affaire.

Trace : Je suis une Trace. La seule qui ait atteint le stade de la conscience humaine. Selon vous, ceci est-il un rêve?

Alice : Honnêtement, je ne sais plus. Est-ce un rêve?

Trace : Oui, mais ce rêve reflète la réalité des autres Alices.

Alice : Je ne comprends pas.

Trace : Comme je dois me nourrir d’âmes humaines, je peux les sentir et découvrir les sombres passés de leurs porteurs. Alice D, tout comme le Chat, a été victime d’un viol. Elle n’était qu’une enfant et ses parents l’ont toujours empêché de déclarer l’assaut à la police.

Alice : C’est horrible...

Trace : Elle a dû apprendre à imiter les Autres pour «survivre» dans un monde qu’elle juge cruel. Alice Kurosawa, de son côté, a toujours été maltraitée par sa famille. Celle-ci n’a jamais accepté sa différence
et l’ont toujours traité de «monstre», «d’anomalie». À cause de toute cette haine, Kurosawa se mit à détester les autistes, au point de vouloir les exterminer, tout comme la Reine avec la GON. Alice Brown, elle, a une famille aimante, mais elle se sent toujours rejetée par les Autres. Surtout à l’école. Malgré tout, elle veut les guider, comme l'a fait le Lapin avec vous. Quand à vous, Alice Lorange, quelle est votre réalité?

Alice : Pourquoi vous me posez cette question? Vous la connaissez déjà!

Trace : … … …

Alice : D’accord, d’accord! Quelle est ma réalité?

Alice : J'ai de bons parents, comme Brown, mais j'ai l'impression d'être un fardeau pour eux. Je suis toujours intimidée à l'école, et j’aimerais bien que cela cesse. Je suis constamment en guerre contre l'Inconnu. L’Inconnu... comment Le décrire? L’Inconnu c’est l’Inconnu. Il n’a pas de forme physique. Il faut lui en donner une. Pour moi, c’est une route. Une route infinie, plongée dans un épais brouillard. Une route que j’aimerais bien franchir et ne plus jamais revoir, mais elle est toujours là. Elle m’attend... Il y aussi ma peau sensible, et mes sensations de brûlure. Ma Routine, mon Horaire à la minute précise. Elle a foutu son camp avec mon arrivée dans le Domaine. C’EST PAS JUSTE! Puis il y a les «Autres» Je les appelle ainsi, avec ce qui semble être du dédain. Parfois, je les crains. Parfois, je les déteste. J’avoue même ressentir quelquefois de la haine pour eux... Alors je voudrais donner de l’amour. De la compréhension pour tous, c’est mon rêve. Pas de stupide «cure» ou de la Normalité par la force. VOILÀ MA RÉALITÉ!!!

Soudain, je me réveille dans la chambre orange, et j’ai récupéré ma tenue d’avant. C’était tout un rêve, mais il était révélateur. Je me lève rapidement, avec ma peau qui brûle toujours autant, et je me demande quoi faire maintenant. Tout à coup, Brown arrive.

Lorange : Brown? Que fais-tu ici, dans ma Zone?

Brown : Il faut aller à la porte aux chaines!

Lorange : Pourquoi?

Brown : C’est Kurosawa... Elle est bizarre. Elle m’a dit que «le cycle de sacrifices doit cesser» et que je devais la trouver là-bas.

Effectivement, c'est bien étrange. Brown ne sait pas que le corps de Kurosawa est habité par une Trace, la même qui m’a parlé dans mon rêve. C'est pour ça que ses yeux sont jaunes. D'ailleurs, Kurosawa est-elle toujours en vie?

Lorange : Ne vous inquiétez pas, Brown. Tout va bien se passer.

Enfin, je le souhaite de tout mon cœur. Je ne veux pas finir comme Alice Dead... Je suis désolée, D. Je ne devrais pas avoir de telles pensées, mais je ne peux pas m’empêcher d’associer ton «D» à «Dead»!

Brown et moi allons à la cave.

Je vois Kuro... non, la Trace-Kurosawa devant la porte aux chaînes.

Trace-Kurosawa : Deux Alices. Vous voilà.

Lorange : J'ai une question pour vous, Trace. Kurosawa... est-elle vivante?

Trace-Kurosawa : Non. J’ai tenté de sauver son âme, mais... Elle ne voulait pas de moi. Une seule vie pourrait résider dans son corps. C’était elle ou moi.

Brown est sous le choc en nous entendant parler. Je dois lui donner des explications.

Brown : Alors, ses yeux sont différents parce que cette Trace a pris son corps?

Lorange : C'est ça.

Brown : Et Kurosawa est... est morte?

Trace-Kurosawa : Oui.

Brown : ESPÈCE DE SALE...!

Lorange : Brown, NON! Ce qui est fait est fait. D’ailleurs, c’est peut-être elle qui a mangé Dead.

Trace-Kurosawa : Non, c’était l’une de mes sœurs. Elle m’a coupé l’herbe sous le pied!!!

Lorange : Quoi?

Trace-Kurosawa : Au début, je voulais le corps de D - vous l’appelez Dead, maintenant? - mais l’autre Trace l’a tué et dévoré avant mon arrivée. J’ai dû prendre Kurosawa à sa place.

Brown : MAIS POURQUOI...!

Trace-Kurosawa : Il me faut un corps humain pour faire cesser le cycle des sacrifices!

Lorange : Vous avez mentionné ce «cycle» à Brown. De quoi s’agit-il?

Trace-Kurosawa : Comme vous le savez déjà, nous, les Traces, devons nous nourrir d’âmes humaines pour vivre. Nous avons donc besoin de «sacrifices», d’humains que nous invoquons en groupes de quatre. Chaque invocation est un «cycle». Normalement, je devrais me contenter de dévorer des âmes, comme mes sœurs, mais un miracle s’est produit. J’ai atteint le stade de la conscience humaine. J’ai aussitôt su que mes actions étaient mauvaises. J’étais une tueuse née. Bien que mes sœurs pourraient, éventuellement, devenir conscientes, je ne peux pas continuer à tuer pour vivre, ni toujours les regarder dévorer d’autres humains. J’ai donc pris une importante décision. Je vais faire cesser les cycles. Je vais détruire toutes les Traces. Pour cela, il me faut le Coeur du Domaine. Le Coeur est derrière la porte aux chaînes. Les chaînes le protègent car, si les autres Traces le détruisaient, le Domaine serait également détruit et elles seraient alors libres d’envahir le monde.
Lorange : Bien sûr! Le passage du carnet. "Chaînes... protéger..." Cela veut dire que "Les chaînes ont comme seule fonction de protéger le Coeur du Domaine." Ou du moins, un truc de ce genre. Puis "Les Traces peuvent détruire..." Cela doit signifier que "Les Traces peuvent détruire les chaînes uniquement si elles parviennent à contrôler un corps humain."

Trace-Kurosawa : En utilisant le corps de Kurosawa, je vais pouvoir détruire les chaînes et utiliser le Coeur du Domaine. Son pouvoir va rendre les Traces vulnérables aux attaques humaines. Elles pourront être vaincues en combat!

Lorange : GÉNIAL! Attendez... «aux attaques humaines». Les Traces peuvent-elles s’entretuer?

Trace-Kurosawa : Euh... oui, avec nos Pouvoirs sur l’Énergie. Vous m’avez vue faire, tout à l’heure, dans le corridor menant au grenier.

Brown : Wow... mais pourquoi Alarie vous a-t-il invoqué avec vos sœurs?

Trace-Kurosawa : Je ne sais pas. Il était mort bien avant que j’obtienne ma conscience. Je suppose qu’il voulait ressusciter sa femme et ses enfants...

Lorange : C’est... trop cliché...

Sans perdre plus de temps, la Trace-Kurosawa se concentre et elle va toucher aux chaînes. Celles-ci se cassent et la porte s’ouvre sur du noir. Dans l’obscurité brille un cristal aux couleurs arc-en-ciel. L’Alice brunette demande à la Trace s’il s’agit du Cœur du Domaine. La réponse est «oui». La Trace-Kurosawa tend sa main vers le cristal quand elle se retourne brusquement.

Trace-Kurosawa : DERRIÈRE-VOUS!

Brown et moi nous nous retournons en même temps. Un groupe de Traces nous fait face.

Brown : Comment sont-elles arrivées là?

Trace-Kurosawa : Avec de la téléportation. Elles ont dû sentir que le Coeur du Domaine était libéré des chaines.

La Trace-Kurosawa s’empare du Coeur et les Traces s’agitent.

Trace-Kurosawa : NON! Il me faut plus de temps pour que le pouvoir du Cœur fonctionne!

Soudain, Brown se met à me regarder intensément. Elle me murmure qu'elle a très peur. Je vois que ses yeux brûlent d’une flamme intérieure.

Brown : Il ... Il faut plus de temps... Je vais vous en donner. Lorange, cela a été un plaisir de te connaître.

Je hurle son nom de famille alors qu’elle se prépare à les attaquer. Les Traces la tuent après un court combat.

Lorange : NOOOOOOOOOOOOOOON!!!!

Soudain, une intense lumière remplit la pièce et les Traces… Elles sont différentes. Leurs couleurs sont délavées.

Trace-Kurosawa : Ça y est! Les Traces sont vulnérables! Lorange, vous êtes prête à leur faire passer un sale quart d'heure?
Lorange : Je suis BIEN PLUS que prête!

Nous leurs donnons la raclée qu’elles méritent! D’autres Traces arrivent par la suite mais, après des heures de combat, nous les avons toutes détruites. Soudain, tout devient blanc.

Je me retrouve seule et je ne vois que du blanc immaculé. Je commence à marcher, sans trop savoir où aller, quand j'entends une voix étrange. La voix semble être un mélange de plusieurs voix et ses tons sont variés, déformés. Elle me fait un peu penser à la voix du Chat dans mon rêve.

Voix : AlicE LorAngE. J’AI AnnUlÉ l'ExIstEncE dU DomAinE.

Lorange : Vous... vous êtes la Trace qui était dans le corps de Kurosawa?

Trace : OuI. lE DoMaiNE n’ExiStE PlUs. C’EsT PouR Ça quE touT EsT BlanC. Je VaiS voUs RaMenER DanS vOtrE mOndE, sUr TeRRe.

Lorange : D’accord, mais vous...?

Trace : jE vAiS reJoiNdrE MeS SoEurS.

Lorange : NON! Pourquoi?

Trace : PoUr CoNtInuEr à VivRe, jE dEvraIs EnCoRe TuEr dEs huMaiNs. PlUs jAmaiS. AlicE LorAngE. CeLa fUt Un hoNNeuR dE voUs ConnAîtrE. jE Ne sAis pAs sI oN vOus L’a dÉjÀ dIt, mAis vOuS, lEs TSA, ÊtEs vrAimEnt fAscInAntS.

Je la remercie pour son compliment, puis je lui dis que je ne l'oublierai jamais, ainsi que les autres Alices.

Lorange : Je vais raconter mon histoire à tous ceux et celles qui voudront bien m’écouter!

Sur ces mots, je perds connaissance pour me réveiller dans ma bonne vieille chambre. Je suis de retour sur Terre, je suis de retour chez moi!


(Narratrice: Jeune fille)

Alice Lorange a terminé son histoire. Pendant tout le temps qu’elle me la racontait, elle regardait toujours le sol.

Alice Lorange : Alice Brown, Alice Dead, et Alice Kurosawa... Elles ont vraiment existé. Finalement, j’ai découvert que le «D», c’était plutôt un «DB», pour Demidov Blondinka. Leurs familles pensent que les trois Alices sont portées disparues mais moi, je sais qu’elles ne sont plus de ce monde. Dites... mon histoire... vous me croyez, n’est-ce pas?

??? : Bien sûr que je te crois!

Alice Lorange : N...non. Vous mentez!

??? : Pas du tout!

Alice Lorange : NON! LES AUTRES MENTENT! Ils me mentent... Ils me blessent... ça fait mal...

??? : Alice Lorange, regardez-moi bien.

Ethel : Je suis ETHEL, je suis une «Autre Spéciale», ET JE VOUS CROIS!!!

Alice Lorange : Je... c’est la première fois... qu’un Autre... me dit... la vérité.

Ethel : La vérité?

Alice Lorange : Vos paroles sont honnêtes. Vous n’avez pas dit ça pour me faire plaisir, ni pour me faire du mal, bien que je sais que les Autres ne me croient pas. Merci, merci,

MERCI! Aussi, si... si j’avais le pouvoir... de remonter le temps, je...

Ethel : Oui?

Alice Lorange : Oh ce n’est rien.

Ethel : Alice. Il se fait tard. Je dois rentrer chez moi.

Alice Lorange : Bien sûr! Revenez quand vous voulez. Je suis presque toujours là.

En m’éloignant de l’adolescente rousse pour rentrer chez moi, je me dis que je ne sais toujours pas pourquoi je marchais dans cette forêt sombre, mais cela n’a plus d’importance. Je vais y retourner pour revoir Alice Lorange et j’espère que nous deviendrons amies.

Afterword

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